Sur le versant du mont Royal, près du centre de Montréal, se trouve le seul sanctuaire bahá’í au Canada. ‘Abdu’l-Bahá a passé trois jours ici au début de son séjour dans la ville en 1912. En entrant dans la maison pour la première fois, il a dit : « Ceci est ma maison. »
Le bâtiment était alors la maison de May et William Sutherland Maxwell et de leur fille, Mary. Cette famille a eu une profonde influence sur le développement de la foi bahá’íe au Canada.
Les Maxwell de Montréal
Le vingtième siècle venait de commencer lorsque May et Sutherland Maxwell, nouvellement mariés, sont arrivés à Montréal. À l’époque, la communauté bahá’íe canadienne ne comptait que quelques personnes éparpillées. May, avec sa nature extravertie, commence à se faire des amis, entraînant toute personne intéressée dans une conversation sur la foi bahá’íe par des visites, des appels téléphoniques, des lettres et des rencontres régulières. Sutherland, plus réservé, se tient d’abord à l’écart, plongé dans le travail de sa prospère entreprise d’architecture.
En 1906, un petit groupe de bahá’ís de Montréal s’était développé sous la direction de May. Le groupe écrit à ‘Abdu’l-Bahá pour se constituer en assemblée spirituelle locale, un acte qui anticipe la croissance future de centaines d’institutions bahá’íes locales à travers le Canada. « Rétrospectivement, se souvient le biographe de la famille, ce petit geste était tout aussi significatif pour l’avenir du pays que toutes les gares et tous les hôtels construits par les frères Maxwell le long du parcours du chemin de fer du Canadien Pacifique à la même époque. »
La foi bahá’íe à Montréal se développe de façon constante, centrée sur la maison des Maxwell. Il y avait des réunions, des rencontres régulières pour les fêtes et des visiteurs de toutes les couches de la société. Le premier mariage bahá’í au Canada a lieu à la maison Maxwell. En août 1910, la fille des Maxwell, Mary, est née.
L’influence de ‘Abdu’l-Bahá
La visite de ‘Abdu’l-Bahá à Montréal à la fin de l’été 1912 a été formatrice tant pour la famille que pour le petit groupe de bahá’ís, qui ne comptait alors que 14 personnes. Selon un historien de la communauté bahá’íe canadienne, « sa visite marquante allait permettre à ce groupe peu structuré de personnes de prendre conscience qu’il formait une communauté ».
Après sa visite en Occident, ‘Abdu’l-Bahá a écrit une série de lettres aux bahá’ís du Canada et des États-Unis, leur donnant une vision de la croissance et du développement futurs de la foi bahá’íe à l’intérieur et au-delà des frontières du continent. Les deux lettres adressées au Canada marquent un autre tournant dans la vie de May, initiant une période de voyages pour diffuser la foi bahá’íe.
Quelques mois après avoir reçu les lettres de ‘Abdu’l-Bahá, May donne des conférences à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. Plus tard, elle passe du temps à Vancouver, en Colombie-Britannique, où elle contacte des organisations, rencontre des personnes et donne des conférences. À Vancouver, la deuxième assemblée spirituelle locale au Canada est bientôt formée. May joue également un rôle important dans l’aide apportée à d’autres communautés bahá’íes, notamment à Toronto.
Pendant les voyages de May, Sutherland s’occupe de la maison. Malgré ses lourdes responsabilités en tant qu’associé dans son cabinet d’architectes, Sutherland siège à l’Assemblée bahá’íe de Montréal, parfois en tant que président ou trésorier. Durant les premières années de Mary, il est parfois le seul parent à la maison. Lorsque May revient à Montréal, il y a une augmentation soudaine du nombre de réunions dans la maison et un flux constant de visiteurs qui franchissent ses portes. Malgré la nature réservée de Sutherland, il soutient constamment les activités sociales de May visant à diffuser les enseignements bahá’ís.
En novembre 1921, May répond au téléphone et reçoit la nouvelle du décès de ‘Abdu’l-Bahá. Elle est dévastée et sa santé se détériore.
Le développement de l’administration bahá’íe
Avec le temps, May a surmonté ces difficultés et Mary s’est jointe à elle pour un pèlerinage en Terre sainte en 1923. Elles y rencontrent Shoghi Effendi, petit-fils de ‘Abdu’l-Bahá et son successeur désigné comme gardien de la foi bahá’íe. La dévotion de May envers Shoghi Effendi grandit et sa santé revient.
Le biographe de la famille écrit : « [Shoghi Effendi] a assis [May] à côté de lui à la table du dîner et à chaque repas, elle a reçu des instructions sur l’administration bahá’íe. Il a non seulement transformé ses pensées négatives en pensées positives, mais il les a détournées d’elle-même pour les diriger vers les besoins de la Cause. Il lui a inspiré la vision de Bahá’u’lláh de l’ordre mondial ; il lui a permis de voir la base spirituelle des institutions de la Foi ; il l’a chargée d’enseigner aux croyants nord-américains cette nouvelle étape de développement de la Cause. »
Dès son retour au Canada, May communique les leçons du Gardien aux bahá’ís et leur enseigne ce qu’elle a appris. En 1924, May est élue à l’Assemblée spirituelle nationale des États-Unis et du Canada, elle est nommée au Comité national d’enseignement. Ce service a marqué un changement dans ses activités bahá’íes, passant des initiatives d’enseignement individuel au travail collectif de l’administration bahá’íe.
Amatu’l-Bahá Rúhíyyih Khánum
L’un des premiers groupes de jeunes bahá’ís en Amérique du Nord a été créé à Montréal à la fin des années 1920 et au début des années 1930. Mary était parmi les membres fondateurs et May une influence discrète dans les coulisses. Ces jeunes étaient au courant des besoins de l’époque et attiraient un grand nombre de personnes à leurs réunions publiques régulières. Les participants qui manifestaient de l’intérêt étaient présentés à May, qui les aidait à approfondir leur connaissance de l’étendue de la Foi. De ce groupe est née une cohorte de nouveaux bahá’ís qui ont contribué à l’expansion de la foi et à l’établissement d’institutions bahá’íes au Canada et à l’étranger.
En mars 1937, on apprend la nouvelle capitale du mariage du Gardien et de Mary Maxwell. Elle est désormais connue sous le nom d’Amatu’l-Bahá Rúhíyyih Khánum. Elle s’installe à Haïfa et, bien qu’elle revienne au Canada à plusieurs reprises au cours de sa vie, elle le fait en tant que visiteuse.
Un Sanctuaire et un Mausolée bahá’is
Trois ans plus tard, May meurt très soudainement à Buenos Aires, en Argentine, au début d’un voyage en Amérique du Sud. Sutherland se retrouve seul à Montréal. Après sa mort, Shoghi Effendi l’invite à venir à Haïfa pour aider au travail de la Foi. Là, il a prêté son talent d’architecte à la conception de la superstructure du tombeau sacré du Báb. La conception de la structure a été supervisée par Shoghi Effendi - qui a indiqué le besoin de marier les styles occidentaux et orientaux - et Sutherland s’est occupé des détails artistiques. Shoghi Effendi a donné le nom de Sutherland à la porte sud du Mausolée. Il est décédé à Montréal en mars 1952, peu avant d’être nommé au rang distingué de Main de la Cause de Dieu.
Peu après le décès de Sutherland, Amatu’l-Bahá a décidé de donner la maison familiale à l’Assemblée spirituelle nationale du Canada. Le biographe de la famille écrit : « Ce bâtiment, qui avait été si clairement identifié par le Maître comme sa maison et qui avait été animé pendant tant de décennies de l’esprit des Maxwell, appartenait, à ses yeux, à la Foi et non à elle. Shoghi Effendi a été profondément satisfait de sa décision ». Peu de temps après, il a fait référence à la maison dans une lettre à l’Assemblée nationale : “[Elle] devrait être considérée comme un sanctuaire national en raison de son association avec le Maître bien-aimé lors de sa visite à Montréal.”
Les trois membres de la famille Maxwell sont enterrés chacun sur un continent différent - Amatu’l-Bahá Rúhíyyih Khánum à Haïfa, en Israël ; May Maxwell à Buenos Aires, en Argentine ; et William Sutherland Maxwell sur les pentes du mont Royal, non loin de la maison qu’il a construite.
Cette maison, qui est maintenant un sanctuaire bahá’í, peut être considérée à juste titre comme le cœur de la foi bahá’íe au Canada.
Dans la présente section
La visite de ‘Abdu’l-Bahá a donné un grand élan à la croissance de la communauté bahá’íe canadienne, un élan auquel plusieurs des premiers croyants au pays ont participé.