Elle était le seul enfant de May Maxwell, une des premières bahá’íes d’Occident, et de William Sutherland Maxwell, un éminent architecte canadien. Madame Rabbani était très fière d’être canadienne et, au cours de ses multiples voyages pour servir la communauté bahá’íe, elle s’est souvent rendue à Montréal.
Elle a eu une enfance heureuse, à l’abri des soucis, ses seuls chagrins étant causés par les longues absences de sa mère chérie qui voyageait beaucoup pour la foi bahá’íe. Les méthodes pédagogiques de l’époque étant souvent rigides et autoritaires, May Maxwell a établi chez elle la première école Montessori du Canada.
Pendant sa jeunesse, habitée d’un vif intérêt pour une variété de domaines et d’une grande soif de savoir, Mary Maxwell a acquis une vaste culture. Elle a participé à de nombreuses activités de jeunes, dans la communauté bahá’íe et ailleurs.
En 1937, elle a épousé Shoghi Effendi Rabbani, Gardien de la foi bahá’íe et arrière-petit-fils de Bahá’u’lláh, le prophète fondateur de cette religion. À l’occasion de leur mariage, Shoghi Effendi lui a donné le nom de Rúhíyyih. Presque immédiatement après leur mariage, elle a entrepris d’agir à titre de secrétaire de Shoghi Effendi, ce qui constitue un des services les plus remarquables qu’elle ait rendus. Entre 1941, alors qu’elle est devenue sa secrétaire principale pour le travail en anglais, et 1957, elle a écrit, de sa part, des milliers de lettres.
En 1951, Shoghi Effendi la nomme au Conseil mondial bahá’í, un organisme composé de neuf personnes qui s’occupera du Centre mondial bahá’í jusqu’à l’élection de la Maison universelle de justice. En 1952, le Gardien l’élève au rang de Main de la Cause et, à ce titre, elle s’occupe de questions liées à l’expansion et à la protection de la foi bahá’íe, et représente Shoghi Effendi lors de rencontres importantes dans diverses régions du monde.
Après le décès de Shoghi Effendi, en 1957, Madame Rabbani joue un rôle de premier plan pour maintenir l’unité de la communauté bahá’íe, jusqu’à l’élection de la Maison universelle de justice en 1963.
Le travail de Madame Rabbani reflète de manière exceptionnelle la priorité que la foi bahá’íe accorde à l’unification de l’humanité. Elle a consacré la majeure partie des 35 dernières années de sa vie à des voyages qui l’ont conduite dans 185 pays et territoires et ont largement contribué à l’intégration de millions de bahá’ís en une communauté mondiale unie. Elle a notamment réussi à engager les membres de peuples autochtones comme partenaires à part entière dans cette entreprise mondiale.
Elle a passé quatre ans à parcourir, à bord d’un Land Rover, 58 000 kilomètres en Afrique subsaharienne, visitant 34 pays, dont 17 où les chefs d’État l’ont reçue. À un autre moment, en l’espace de sept mois, elle s’est rendue dans près de 30 pays d’Asie et du Pacifique. Son intérêt pour les populations indigènes et la vie de village l’a amenée dans des régions isolées. Elle a documenté par écrit et sur pellicule plusieurs de ces voyages, comme ceux effectués en Amérique du Sud, où elle s’est rendue au Suriname, au Guyana, et au Brésil où elle a remonté l’Amazone.
Au cours de ses voyages, elle a été reçue par de nombreuses personnalités, telles que l’empereur Haïlé Sélassié Ier d’Éthiopie, le roi Malietoa Tanumafili II des Samoa, le président Félix Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire, le président Carlos Menem d’Argentine, la première ministre Indira Gandhi de l’Inde, le premier ministre Edward Seaga de la Jamaïque et Javier Pérez de Cuellar, le Secrétaire général des Nations Unies.
S’intéressant à tout et dotée de capacités exceptionnelles, Madame Rabbani aura été auteure, poétesse, conférencière et productrice de films. Elle a, entre autres, écrit La perle inestimable, une biographie de Shoghi Effendi, et Prescriptions for Living, qui explore l’application de principes spirituels à la vie de tous les jours. Maîtrisant l’anglais, le français, l’allemand et le persan, elle a donné de nombreuses conférences, partageant à quelques occasions la tribune avec Son Altesse Royale le prince Philip, duc d’Édimbourg. Pour appuyer les efforts de protection de l’environnement, elle a participé aux activités du Fonds mondial pour la nature et a prononcé une allocution au banquet tenu en 1988 à la Syon House, à Londres, pour le lancement de l’important projet « Religions and Conservation ». Elle était aussi présente à la conférence de la World Forestry Charter tenue au palais St. James en 1994. Son amour des arts l’a amenée à planifier et à gérer des projets de restauration de plusieurs bâtiments historiques associés à la foi bahá’íe.
Madame Rabbani est décédée le 19 janvier 2000, à l’âge de 90 ans. Elle vivait alors à Haïfa en Israël, près du Centre mondial bahá’í.
Note : Le présent article est basé sur l’ouvrage Hommage à Amatu’l-Bahá Rúhíyyih Khánum de Violette Nakhjavani, Publications Bahá’íCanada et Nine Pines, 2001, et sur un communiqué de presse de la Communauté bahá’íe du Canada daté du 19 janvier 2000.