Louis Bourgeois est né à Saint-Célestin de Nicolet, au Québec, le 19 mars 1856. Son talent pour le dessin s’est révélé dès l’âge de huit ans. Attiré par l’architecture, il a été commis chez un entrepreneur en construction d’églises à Trois-Rivières. L’expérience qu’il a acquise dans ce bureau lui a permis de concevoir les plans de l’église de Saint-Wenceslas, en 1892.
Tout au long de sa vie, Louis Bourgeois a dû faire face à de nombreux défis. Son épouse, Marie Gronville, avec qui il a eu trois enfants, est morte jeune, le laissant dans un état dépressif qui a nui à son travail. Endetté en raison des frais médicaux de sa femme, il a décidé de déménager à Montréal pour y travailler comme apprenti sculpteur aux côtés de son cousin, Louis-Philippe Hébert, dans l’atelier de Napoléon Bourassa, et concevoir les plans d’une église à Longueuil. Grâce aux efforts de M. Bourassa, les deux apprentis ont pu aller étudier à Paris. Hébert est rentré à Montréal, où il a créé des monuments à l’effigie de personnages célèbres tels que Maisonneuve, Crémazie, Jeanne Mance et Mgr Bourget. Quand Hébert est retourné à Paris pour y retrouver son cousin, ce dernier n’y était plus. Il voyageait, et envoyait à sa famille des messages d’Italie, de Grèce, d’Égypte et de Perse.
En 1886, Louis Bourgeois refait surface à Chicago. Il a pu, grâce à son talent, rencontrer Louis Sullivan, un des géants de l’architecture du xxe siècle, et travailler avec lui. Plus tard, il est allé vivre en Californie, où il s’est lié d’amitié avec Paul de Longpré, un peintre français de renom. Il a enseigné le français aux filles de ce dernier et l’aînée, Alice, est plus tard devenue son épouse.
Louis Bourgeois est devenu bahá’í à New York, au cours de l’hiver 1906-1907. Deux des enseignements de Bahá’u’lláh le captivaient particulièrement : l’unité fondamentale de toutes les religions et la relation essentielle entre l’impulsion religieuse et la création artistique. De New York, il a déménagé à West Englewood (aujourd’hui Teaneck), dans le New Jersey, afin d’y aider au développement de la communauté bahá’íe.
En avril 1909, des architectes du Canada et des États-Unis ont été invités à soumettre des projets pour un temple bahá’í, et Louis Bourgeois en a présenté un. En avril 1920, quinze maquettes étaient exposées lors d’un congrès bahá’í. Après bien des discussions, c’est celle de Louis Bourgeois qui a été retenue.
Le 11 janvier 1921, Louis Bourgeois est parti en bateau en compagnie de son épouse Alice et d’un ami, L.B. Pemberton, pour rencontrer ‘Abdu’l-Bahá et lui présenter son design pour le temple. Jusque-là, Louis Bourgeois avait rencontré de nombreuses épreuves et difficultés, et bien d’autres encore ont suivi en raison des exigences particulières relatives à la construction et au financement de cette structure exceptionnelle. Souvent, sa santé lui faisait défaut, mais il refusait d’interrompre son travail. Sa foi, sa détermination et sa clairvoyance lui ont permis de persévérer.
À la fin de juillet 1930, l’Assemblée spirituelle nationale des bahá’ís des États-Unis et du Canada a envoyé un télégramme à plusieurs communautés bahá’íes, les informant que Louis Bourgeois était très malade et leur demandant de tenir des réunions de prière spéciales pour son rétablissement. Son état s’est temporairement amélioré mais, le 20 août 1930, Louis Bourgeois est décédé à l’âge de 74 ans.
Cette remarquable maison d’adoration bahá’íe, le « temple de lumière », a été inaugurée en 1953.
* Extrait de The Dawning Place de Bruce W. Whitmore, Wilmette, Bahá’í Publishing Trust, 1984, p. 76 à 86.