Cette promesse semble s’être réalisée : Thomas Tempest Robarts est devenu chanoine de l’Église anglicane de Thorold, en Ontario. Il a eu deux filles et trois fils. Le troisième fils, Aldham Wilson Robarts, le père de John Robarts, est resté attaché à la religion anglicane toute sa vie alors que les deux filles, Ella et Grace, sont devenues bahá’íes en 1906. John était alors âgé de cinq ans.
Le père de John Robarts était directeur d’une succursale de la Banque canadienne impériale de commerce à Port Arthur, aujourd’hui Thunder Bay. C’est dans cette collectivité que John Robarts et ses deux sœurs aînées ont terminé leurs études primaires. John a ensuite fréquenté le Collège Ridley de St. Catharines, en Ontario, mais il a abandonné ses études à l’âge de dix-sept ans pour accepter un poste de secrétaire d’un chef de département aux Chemins de fer nationaux du Canada. Il y a rapidement acquis des compétences en secrétariat qui allaient lui être très utiles dans les années à venir. Par la suite, il a créé sa propre entreprise à Toronto, en partenariat avec James D. Graham, la Overhead Door Company of Canada.
En 1928, John Robarts a épousé Audrey Fitzgerald et quatre enfants sont nés de cette union. La grande crise économique l’a contraint à vendre son entreprise en 1934; il a toutefois réussi à trouver un emploi pour chacun de ses quelque vingt employés avant d’accepter un poste dans une compagnie d’assurance vie. C’est dans les années 1930 que John et Audrey ont commencé à s’intéresser à la foi bahá’íe. Ils sont devenus bahá’ís à Toronto, en 1937.
Dès lors, John Robarts s’est consacré avec le plus grand dévouement au service de la foi bahá’íe. Il a joué un rôle essentiel dans le développement des communautés bahá’íes de Hamilton et d’Ottawa (Ontario), se rendant chaque semaine à Hamilton pendant un an, et passant de nombreuses fins de semaine à Ottawa. La première Assemblée spirituelle locale des bahá’ís de Hamilton a été formée en 1940 et celle d’Ottawa, en 1948.
John Robarts a effectué de nombreux voyages, dont le plus important est peut-être celui qui l’a conduit au Bechuanaland (Botswana), à la suite d’une suggestion de Shoghi Effendi, le Gardien de la foi bahá’íe. En octobre 1953, deux mois seulement après avoir entendu parler de ce pays, John, Audrey et leurs deux plus jeunes enfants, Patrick et Nina, s’y sont rendus. Une encyclopédie leur avait appris qu’il s’agissait d’un pays enclavé, aussi grand que la France, sans routes goudronnées et occupé en grande partie par le désert du Kalahari. Ils ont laissé derrière eux leurs deux fils aînés, ainsi que la carrière florissante de John et leur agréable demeure de Toronto. En tant que premiers bahá’ís à vivre au Bechuanaland, John, Audrey et leur fils Patrick ont reçu le titre de « Chevaliers de Bahá’u’lláh » — une distinction honorifique accordée aux bahá’ís qui se sont installés les premiers dans un pays où leur foi était encore inconnue.
Le 2 octobre 1957, Shoghi Effendi a élevé John Robarts au rang de Main de la cause de Dieu.
John Robarts a beaucoup voyagé, et partout il a enseigné la foi bahá’íe. Il a visité la Rhodésie du Sud (Zimbabwe), le Maroc, le Libéria, le Cameroun, le Japon, la Corée, Taïwan, Hong Kong, les Philippines, Hawaii, la Jamaïque, l’Islande, l’Irlande, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Tahiti, les îles Fidji, les Tonga, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon, la Nouvelle-Calédonie, les Nouvelles-Hébrides et le Samoa.
En 1984, à l’âge de 82 ans, il a accepté un dernier poste administratif, en servant comme membre de l’Assemblée spirituelle locale des bahá’ís de Rawdon.
Le demi-siècle que John Robarts a consacré à servir la foi bahá’íe sans jamais défaillir témoigne éloquemment du pouvoir de l’aide divine promise par Dieu. Peu de gens savent que, pendant une grande partie de sa vie, il a souffert d’asthme, de bronchite chronique et, plus tard, d’emphysème. Au fil des ans, Audrey l’accompagnait de plus en plus souvent dans ses voyages. Il s’est paisiblement éteint à Rawdon, au Québec, le 18 juin 1991.
Note : Le présent article est basé sur l’article paru dans Bahá’í World, vol. 20, 1986-1992, rubrique « In Memoriam », p. 895-899.